La mort suicidée

ATTENTION! +18 REQUIS!

Nouvelle parue à la base sur Les Editions de La Matière Noire, dans le magasine des Shorts-Stories Etc… (magasine aujourd’hui disparu).

 

 

Il l’avait faite agenouiller devant lui, lui tournant le dos. L’atmosphère, zébrée d’instants fugaces et incertains, laissait son corps se parcourir de secousses nerveuses. De derrière son dos, il cernait beaucoup mieux tout cela. Elle tremblait comme une feuille, respirait comme un animal pris au piège et transpirait comme une joggeuse du dimanche à plein nez. Elle sentait l’effroi, parfumait la pièce d’une odeur qui perlait de son front et s’écoulait le long de son corps. Il prit l’arme enfoncée entre sa ceinture et son tee-shirt.

 
Du bout du canon, il caressa sa nuque huilée par la sueur sur toute sa largeur, deux fois. Puis, plus rien, l’abstinence. Jusqu’à ce clic crispant qui la fit sursauter, ce petit bruit sec qui annonçait le chargement. Il recommençait à parcourir de la pointe de son arme l’étendue soyeuse de sa chevelure en tous sens, en tout point, sans ordre de cheminement. Le canon caressait à outrance les particules ondoyantes de son écrin de cuir, et s’immisçait même régulièrement à l’intérieur de ses mèches délectables. Elle sentait parfois le métal froid de l’instrument glisser sur son crâne, emporté par le ruissellement de ses eaux.

 
Elle avait su dès le départ qu’il était malade et pervers avec son masque sur le visage, et ça lui plaisait. Elle avait misé gros en lui donnant son adresse, mais son désir était monté dès qu’il avait pris possession du bout de papier plié en quatre entre ses doigts, qu’elle avait effleurés. La vie ne l’avait pas épargnée, l’épargne ne l’avait pas rendue plus vivante. Elle mourait à petit feu depuis des lustres, alors s’aider lui paraissait évident, la solution séduisante.

 
Le canon sous le menton, il lui intima de force à pencher la tête en arrière, contre l’entre-jambe de son jean. Depuis sa position, ses yeux miroitaient le faciès encagoulé de son Torture Porn, comme un abîme des temps modernes.

 
Elle n’avait plus d’espoir mais le désir était encore là, au pas de la porte de son âme, comme une envie d’en finir avec la souffrance et le plaisir, intimement liés. « Les bas instincts au service de la jouissance éternelle », tels étaient les attraits et les promesses du site.

 
Il pressa davantage sous son menton pour écraser sa bouche contre le renflement proéminent de son pantalon. Ses lèvres englobèrent l’amas boursouflé avec une pression sincère et violente. Il chancela légèrement.

 
Elle avait mordu la vie à pleine dent une bonne partie de sa durée. Mais depuis l’annonce de sa maladie incurable et dégénérative, elle cherchait désespérément à vivre encore un peu, surtout les dernières folies de ses fantasmes. Au jour d’aujourd’hui, quelques trois semaines lui avaient étés promises. Mais dans celles-là, au moins une à mourir dans d’atroces souffrances impossibles à soulager de façon médicamenteuse pure. Médica-menteuse… elle avait décidé subitement, à la gifle de ce mot construit pour la détruire, d’y renoncer par principe. Hors de question de mourir en sachant qu’on doit accepter de le faire en souffrant, bien assez de la vie pour ça !

 
Son arme était descendue le long de son torse et forçait maintenant le tissu de son soutien-gorge. Elle sortit sa langue et lima la grosse bosse du tissu en jean. Le son du zip de la fermeture éclair lui donna un spasme qui fit introduire l’arme de son prétendant assassin au fond de sa poitrine.

 
Rien de préparé par ses soins. C’est seulement quand sa sonnette avait retenti, et que le judas lui inscrit « la mort suicidée » sur la rétine qu’elle eut encore le choix : vivre à jamais dans sa douceur ou mourir pour toujours dans la douleur. Une exaltante et profonde jouissance préliminaire l’avait parcourue quand elle libéra le loquet de la porte. Il l’ouvrit violemment, l’obligeant à reculer en perdant l’équilibre, pour se retrouver les fesses à terre et les mains en appui de chaque côté. Il lui faisait face de toute sa hauteur, une cagoule sur le visage.

 
Cette fois ce fut elle qui chancela légèrement, quand d’un coup sec la pression du canon sur le balconnet arracha son dessous de poitrine. Sa langue, en réponse, réussit à s’infiltrer dans l’ouverture béante du pantalon de son bourreau.

 
Auparavant, quand à peine entré il s’était rué sur elle, elle n’avait opposé aucune résistance. Se faisant débarrasser de ses habits d’un déchirement successif de fibres à l’envolée. Il l’avait ensuite aidée à se relever, la tenant par les mains et l’admirant en sous-vêtements. D’un grand coup de pied, sans se retourner, il ferma avec fracas la porte d’entrée.

 
(Si la nuit porte conseil, le jour déploie ses contrées de questionnements. Et jusqu’à présent, il ne lui était jamais arrivé de se questionner sur la nuit de ses jours. Au pire, les nuits de son séjour oui, mais le jour de ses nuits non. Vraiment, vivre à jamais, mourir pour toujours… le plaisir de ses nuits en plein jour… elle n’avait pas su choisir, non, elle n’avait pas su mourir autrement qu’en vivant encore un peu.)
Il se recula, se détachant de sa langue chercheuse. Elle redressa la tête, oubliant un instant ses recherches. Il lui faisait toujours dos. Elle lui faisait toujours face. Il avait toujours la braguette ouverte et l’arme à la main. Elle avait toujours la bouche entre ouverte et le désir qui montait.

 
C’est seulement quand il l’avait poussée dans le salon qu’elle avait remarqué sous son tee-shirt, enfoncé sous son pantalon, la crosse d’un revolver. Envahi par le doute, elle s’était une fois de plus reposée la question… mais une fois la machine en action plus de question à se poser. Et cela avait joué avec son plaisir, plus de retour en arrière, l’inéluctable pour démesure, le délectable pour seule censure.

 
Son ventre la secouait de l’intérieur et le désir montait en cadence. Comme quand elle était tombée par hasard sur « la mort suicidée », ce site qui ressemblait à un FAKE, d’une barbarie déconvenue et d’un monde prisonnier de lui-même… elle avait cliqué, donné un pseudo pour l’inscription (mission_acceptée), réglé un PAYPAL et un mail lui avait affiché un contact. Simple, rapide, efficace, dépourvu d’explication, mais tellement évident.

 
Sa vie n’avait pas l’ombre d’une importance maintenant qu’elle se finissait. Il lui attrapa les cheveux à pleine main, lui penchant la tête sur le côté, plaqua le canon du revolver sur sa tempe. Elle s’empressa d’attraper sa vulve. Il pressa la détente.

©Necromongers

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