Il ne l’avait encore jamais rencontré, mais on lui avait déjà dit bien du mal sur son nouveau patron. Soi disant, une sorte d’illuminé, vivant presque à l’année dans son bureau, sans jamais sortir de l’entreprise. Recevant très peu de monde et donnant des ordres par l’intermédiaire de sa secrétaire. Il avait été recruté par une agence, et le boulot était très bien payé, le reste, il s’en foutait. Néanmoins, et cela comportait à la fois une sorte de défi et d’angoisse mêlés, il ne savait absolument pas en quoi consistait le taff.
On lui avait présenté la chose comme une glorieuse libération et une vivifiante expérience de la vie. L’annonce précisait « Une vie trépidante dans un environnement de solitude intacte et ancestrale. Salaire net important et émotions brutes mirobolantes. ». Ca ne disait évidemment rien du patron, mais sans qu’il sache pourquoi et comment ils savaient, beaucoup s’étaient rués pour lui en dépeindre le profil. Il avait reçu un billet d’avion et un trajet en bateau quelques jours après la validation de son entretien. Il pensait de plus en plus secrètement à un poste de gardien de phare.
Lorsqu’il fit sa valise il prit cette petite boussole qui trainait dans sa tente depuis des lustres. Son avion prit à peine 1h, et une fois arrivé au port on l’aida à charger ses affaires avec un certain empressement, lui et des tas d’autres personnes. Ils annonçaient une forte houle pour la nuit, et beaucoup de pluie. Quand l’embarcation quitta l’estuaire et qu’il perçut au loin une lumière qui les guidaient dans la nuit, Houssama prit une profonde inspiration et pleura. Aucune destination n’envoyait des gardiens par dizaines à un seul phare sur la côte, et encore moins sans gilet de sauvetage.
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(image: Jordan Singh)